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Massage et législation belge

C’est une question très courante de la part des étudiants et des personnes souhaitant s’engager dans une pratique professionnelle de massage.

La réponse s’étendra sur des éléments légaux, les limites de la pratique, la réelle demande des clients, les motivations des praticiens et les opportunités professionnelles.

Les intentions thérapeutiques sont très répandues dans le milieu du massage et des soins alternatifs, il est donc indispensable de clarifier la situation légale dans notre champ de compétences.

Il convient, d’un point de vue légal, de distinguer 3 pratiques :  

  1. médicale et thérapeutique : il s’agit de poser un acte ayant pour objet le traitement d’un état pathologique.
  2. esthétique : il s’agit ici de poser un acte destiné à maintenir ou améliorer l’aspect esthétique.
  3. services liés au bien-être et confort physique 

Le secteur de l’esthétique est réglementé, mais le métier n’est pas très comparable avec la pratique du massage bien-être qui a une finalité de confort et n’est pas réglementée.

Dans l’état actuel, il n’y a pas de réglementation pour la pratique professionnelle du massage bien-être. Il n’est donc pas nécessaire de faire preuve d’une compétence professionnelle pour démarrer une activité dans ce secteur. Vous avez la responsabilité de ce que vous pratiquez, le législateur ne fera pas obstruction à votre liberté d’entreprendre une activité dans le secteur du massage. S’il est permis de pratiquer sans justifier d’une formation, il n’est pas autorisé de faire n’importe quoi, et particulièrement d’exécuter des actes réservés aux professionnels de la santé (médecins, kinésithérapeutes, pharmaciens, psychothérapeutes,…). La liberté du praticien de massage trouve ses limites dans les réglementation d’autres professions. Ceci explique probablement le manque d’information sur le sujet.

Massage thérapeutique : les limites de la pratique

La formule « massage thérapeutique » est souvent utilisée pour différentier une pratique d’une autre, plus superficielle et moins personnalisée. Même si cette habitude est répandue et (de nos informations) peu sanctionnée, elle n’est pas correcte d’un point de vue légal. 

Extrait de l’Arrêté Royal n° 78 relatif à l’exercice des professions des soins de santé : 

Constitue l’exercice illégal de l’art médical, l’accomplissement habituel par une personne ne réunissant pas l’ensemble des conditions requises par l’alinéa 1er du présent paragraphe de tout acte ayant pour objet ou présenté comme ayant pour objet, à l’égard d’un être humain, soit l’examen de l’état de santé, soit le dépistage de maladies et déficiences, soit l’établissement du diagnostic, l’instauration ou l’exécution du traitement d’un état pathologique, physique ou psychique, réel ou supposé, soit la vaccination.

Il apparaît donc clairement que l’intention de soigner un état pathologique ne peut être pris en charge par un praticien de massage (sauf s’il est porteur d’un diplôme de docteur en médecine).

Ok, faisons une croix sur nos ambitions à soigner la fybromyalgie, le cancer ou l’infertilité. Il nous reste quand même les troubles musculo-squelettiques et fonctionnels (mouvement, posture) ?  et non, là aussi le législateur a réservé ces actes aux kinésithérapeutes.

Extrait de l’Article 21 bis du même AR n°78 :

Est considéré comme exercice illégal de la kinésithérapie, le fait pour une personne qui n’y est pas autorisée en vertu du § 1er de procéder habituellement à : 1° des interventions systématiques destinées à remédier à des troubles fonctionnels de nature musculo-squelettique, neurophysiologique, respiratoire, cardiovasculaire et psychomotrice par l’application d’une ou plusieurs des formes suivantes de thérapie : a) la mobilisation, qui consiste à faire exécuter des mouvements au patient, à des fins médicales, avec ou sans assistance physique ; b) la massothérapie, qui consiste à soumettre le patient à des techniques de massage, à des fins médicales ;

Certains d’entre-vous penseront qu’on ne peut rien faire et que je veux effrayer les personnes souhaitant s’engager dans le métier… c’est tout le contraire.

Mais il est indispensable de comprendre la loi, de trouver un positionnement juste et sécurisant (tant pour le praticien que pour le client) et de savoir respecter des limites dans l’exercice d’une pratique professionnelle. Ceci est d’autant plus valable lorsqu’on est dans la relation d’aide par le toucher et qu’on a des clients qui souffrent tant sur le plan physique que psychique/nerveux.

Ce qui est fondamental, c’est de comprendre que l’application des techniques de massage à des fins médicales est réservée aux kinésithérapeutes. Ils ont réussis une formation de minimum 4 années, comprenant d’importantes connaissances théoriques, des travaux pratiques, un accompagnement par d’autres professionnels, des périodes de stages, des évaluations, une intégration aux systèmes traditionnels de soins de santé,… il n’est pas raisonnable, pour un praticien de massage de se comparer à un kinésithérapeute.

La plupart de nos clients ne viennent pas au massage pour des questions pathologiques (la fybromyalgie, le cancer ou l’infertilité), mais pour des questions de confort, à cause de la sédentarité et du stress, amenant leurs myriades de conséquences physiques et psychosomatiques : douleurs musculaires, inflammations, nervosité, anxiété, fatigue, troubles digestifs, difficultés à trouver le repos et lâcher-prise,… Souvent ils ont consulté dans le champ de la médecine et des soins traditionnels mais avec des résultats mitigés. Non pas que la médecine soit incompétente, mais plutôt que ses propositions ne sont pas -actuellement- suffisantes ou adaptées sur ces questions. Ces thématiques sont assez récentes et les propositions doivent mûrir pour répondre aux problématiques contemporaines. : l’accélération du rythme de vie, la connexion permanente et les aspirations toujours croissantes,… la société a évolué plus rapidement que notre physiologie.

Sur le plan de la physiologie, les états de stress prolongés maintiennent la personne dans un état d’alerte, cet état est prioritaire sur la récupération. Donc tant qu’il y a stress prolongé, la récupération nerveuse et physique est entravée.

Et c’est justement là que nous pouvons aider efficacement nos clients, car nous sommes des spécialistes pour les aider à lâcher prise et comme une importante part du problème vient du stress, nous sommes donc très bien équipés pour les aider sur ce volet. Notre métier comporte une importante part de relationnel, une qualité de toucher et la compréhension des implications physiologiques. Grâce à cela, nous leur offrons un environnement sécurisant (détente du système nerveux) et appliquons des techniques de massage dans le but de les aider à retrouver cet état d’apaisement intérieur et de confort physique. C’est une compétence largement répandue chez les praticiens de qualité : être capable d’organiser un ensemble de techniques dans un enchaînement cohérent et très bénéfique pour le client.

Un kinésithérapeute travaille dans un cadre réglementé avec une « mission » différente, plutôt que de l’opposer au praticien de massage, il serait plus utile d’identifier leurs compétences spécifiques et les aspects qui les réunissent. La rencontre professionnelle entre un kinésithérapeute, un ostéopathe et un masseur peut donner de belles synergies, nous avons de nombreux exemples qui sont très satisfaisants, tant pour le kiné/ostéopathe, le praticien de massage et -bien entendu- le client. L’intégration est déjà en marche, mais elle avance à pas feutrés plutôt qu’en grande pompe.

Certes nous ne soigneront pas la fibromyalgie, le cancer ou les troubles de la fertilité. Certes la reconnaissance par les pouvoirs publics et l’intégration au système de soins de santé n’est pas pour demain, mais je suis convaincu que nous tenons un outil bénéfique, que le bon sens, le respect, le travail amèneront à ceux qui s’y engagent, une satisfaction et des opportunités d’épanouissement personnel et professionnel.

Tout ceci est accessible avec la formation adéquate, comprenant des repères adéquats sur les techniques, l’anatomie, la physiologie et l’éthique relationnelle. Il y a donc un réel horizon, nourrissant et durable pour ceux qui s’engagent sur cette voie.

Bonne route !

 

David Gaudin – fondateur, gérant et enseignant à l’EEM.

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